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11 janvier 2014

Carnet d'hier vendredi

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J’avais déjà les mêmes ennuis à l’époque où j’écrivais mon Grand Variable. Je croyais travailler sur deux livres différents et c’est le premier éditeur du Grand Variable qui m’a montré que ces deux ouvrages auxquels je peinais à trouver une cohésion n’étaient qu’un même livre et qu’il était prêt pour la publication.

En plus, je fais de la rétention de manuscrit. Tous les prétextes sont bons pour ne pas envoyer à l’édition (ménage à faire, grasse matinée, nuit blanche, pas d’enveloppe adaptée, pas de baguette de reliure assez large, j’en passe...).

Ce vendredi : levé tard parce que je me suis couché à trois heures du matin. J’ai profité du temps sec et de la fonte totale de la neige pour remplir une brouette de bois sec (des branches de frêne cassées et éparpillées dans le pré par les bourrasques de Noël). Je m’en sers pour allumer le feu dans la cheminée, ce que j’ai toujours beaucoup de mal à faire car j’ai les pires difficultés dans les actes techniques les plus anodins de la vie quotidienne. Je ne voudrais la fortune que pour une chose : non pas pour me payer tout et n’importe quoi mais juste pour employer du personnel qui me délivre une fois pour toutes de ces corvées absurdes.

Lectures : encore une fois des extraits de Mon Vrai boulot de Grégoire Damon et de Les derniers seront les derniers de Thomas Vinau, deux recueils de la collection poésie des éditions Le Pédalo ivre. J’ai commandé chez le même éditeur le recueil d’Hélène Dassavray C’est gentil d’être passé. Je l’ai écoutée en lire des extraits dimanche dernier au Cabaret poétique à Lyon au Périscope. J’ai terminé aussi un roman divertissant et astucieux de Tatiana de Rosnay, Spirales (livre de poche). 

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Photos : en haut, cahiers du manuscrit de mon livre Le grand variable (éditions Éditinter, épuisé).

Linette à la sieste.

12 février 2013

Jean-Jacques Nuel et ses doubles ou l'auteur en stéréoscopie

Chiendents 28

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La revue d’art et de littérature Chiendents consacre son numéro 28 à « Jean-Jacques Nuel, auteur en stéréoscopie ». Ce dossier de 40 pages illustré de photos comprend : un entretien avec Stéphane Prat, une étude de Christian Cottet-Emard, des articles critiques sur les livres publiés, des extraits de Courts métrages (Le Pont du Change, 2013), de Portraits d’écrivains (Editinter, 2002), des romans Le Nom (A Contrario, 2005) et L’autoroute (inédit).

Ce numéro a été coordonné par Stéphane Beau, qui en parle sur son blog.

Chiendents 28 peut être commandé auprès de l’éditeur : Editions du Petit Véhicule, 20 rue du Coudray, 44000 Nantes, pour la somme de 5 €  (3 € + 2 € de port).

Dans ce numéro :

Jean-Jacques Nuel et ses doubles ou l’auteur en stéréoscopie
Par Christian Cottet-Emard


Les deux tendances du roman français de ce début de siècle, le minimalisme de l'écriture intime et de l'autofiction opposé au regain de la fiction narrative parfois nommée nouvelle fiction, se télescopent dans l’œuvre en prose de Jean-Jacques Nuel, non seulement dans son recueil de récits Portraits d’écrivains (éditions Editinter, 2002) mais encore dans son roman Le Nom (éditions A Contrario, 2005).

Sur une trame réduite à sa plus simple expression, les quatre lettres d'un nom, l'écriture de Jean-Jacques Nuel, tendue comme la corde indispensable à la note juste, parvient à tisser (avec quel métier !) tous les fils romanesques (identité, racines, quête des origines) noués aux grands thèmes nueliens (solitude de l'écrivain, inquiétude de la création). À l'instar de ses précédents ouvrages, le premier roman de Jean-Jacques Nuel fait penser à ces tableaux dits stéréoscopiques, en particulier au virtuose Dali de dos peignant Gala de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies par six vrais miroirs. Dans Le Nom, l'auteur assez proche de cet effet stéréoscopique, se recentre sur le singulier sans toutefois employer la première personne pour mieux incarner son personnage d'écrivain improbable, si peu sûr de sa propre existence et de la réalité fugace et mouvante que son écriture tente de fixer qu'il en vient à se raccrocher à son seul nom, trace tactile plus que palpable sur une vitre embuée qui vaut bien une page blanche. Lorsque, de la pointe de l'index, l'auteur reclus dans son petit appartement inscrit son nom sur la buée avec, dans le fond, les contours flous de la grande ville, il réalise assez vite qu'il vient de mettre au jour la principale matière de son œuvre en devenir. Dépouillée de ses scories narratives, de la redondance de l'autobiographie et des artificielles péripéties de la fiction, l'opus du personnage-auteur de Jean-Jacques Nuel se résumera donc à cet unique nom, d'abord calligraphié au stylo avec l'application mâtinée d'étonnement à laquelle s'exerçait le geste de l'écolier, puis dupliqué à l'infini par la magie informatique et numérique.
J'emploie à dessein le terme de magie même s'il s'avère impropre car cette vertigineuse démultiplication du nom dans des volumes entiers adoptant la présentation formelle de tous les genres littéraires évoque évidemment l'activité d'un certain apprenti sorcier qui, par l'utilisation de la magie, commande aux objets d'effectuer à sa place une corvée ménagère avec le résultat que l'on sait. Dans le roman de Jean-Jacques Nuel, la magie est une formule, ce fameux nom dont l'inscription sur tous les supports disponibles (feuilles de papier, toiles vierges, vitres, murs) caracole avec frénésie jusqu'à ce que cette accumulation délirante, cette véritable prolifération, finisse par se cogner à un premier obstacle du réel, la boîte aux lettres qui ne peut plus avaler d'un seul coup les paquets de tapuscrits envoyés aux éditeurs. À ce stade du récit, la déferlante du nom ralentit enfin quand l'auteur se retrouve à l'air libre où l'attend, lors d'une visite rituelle au cimetière, une autre folie du nom, celle que nous connaissons tous, gravée celle-là, non plus dans la vitesse éphémère de l'écran et du papier mais dans l'énigme éternelle de la pierre où persiste et signe ce qui, contre toute logique, veut absolument vivre.

Dans Portraits d’écrivains, le personnage récurrent de l’univers nuelien, l’auteur en mal de reconnaissance confronté au vertige de l’anonymat et de l’insignifiance, se tient plus à distance du gouffre auquel l’anti-héros du Nom échappe certes de justesse mais en se penchant sur un autre vide, celui de la tombe. Jean-Jacques Nuel relie ainsi le destin particulier de l’écrivain ou de l’écrivant à celui du commun des mortels dans le monde en trompe-l’œil de la moderne solitude.

Qu'il soit piéton d'un jour de trop, en mal d'une langue impossible ou arpenteur du marché de la poésie, le passant de Jean-Jacques Nuel est en errance mais non sur le départ. Ce marcheur nous accompagne au centre de l'expérience de l'homme contemporain : la solitude peuplée des villes et les voyages immobiles de l'attente. Tout lecteur attentif au monde des revues littéraires a une grande chance de se trouver un jour face à l'un de ces Portraits d'écrivains que Jean-Jacques Nuel confie aux titres les plus variés, des plus confidentiels aux plus connus, l'un de ces instantanés s'étant même révélé voici quelques temps aux familiers de la revue de Philippe Sollers, L'Infini. À quel fixateur, pour rester dans la métaphore photographique, Jean-Jacques Nuel a-t-il bien pu avoir recours pour donner une telle netteté à ce personnage multiple et forcément évanescent qu'est l'écrivain en devenir, celui qui n'a pas encore les faveurs du grand public ni même, souvent, celles des éditeurs ? Comme celui qui travaille longtemps sous la lampe rouge en quête de ce que l'ombre et la lumière porteront à la vision, Jean-Jacques Nuel a fini par épaissir une silhouette, à lui donner ce grain que le papier réclame et ces contours que la lecture pourra remplir. C'est dès lors à une sorte de naissance que nous assistons, celle d'un des personnages les plus représentatifs de notre époque, l'auteur en lutte permanente pour l'existence et, peut-être, pour la reconnaissance. En se multipliant — il y a de plus en plus de candidats à ce statut d'écrivain correspondant à un bien illusoire prestige — ce créateur de personnages devient lui-même un personnage. Là réside sans doute la difficulté du projet littéraire de Jean-Jacques Nuel mais aussi son originalité. Il a bien conscience que sa créature ne peut prendre corps que par l'emploi d'un style dépouillé, tout ornement superflu risquant de faire échouer la tentative. Après la parution de La Gare aux éditions Orage-Lagune-Express, cela apparaît tout autant dans ce puzzle en pleine composition qu'est Portraits d'écrivains où se construit l'image d'un anti-héros bien d'aujourd'hui car tranquillement rétif aux chimères du gagnant.

À bien relire Jean-Jacques Nuel, il apparaît que la figure stylisée de son personnage d’écrivain déambulant dans une dimension intermédiaire entre fiction et réalité dépasse largement le cadre de la fantaisie romanesque parce qu’elle s’inscrit dans un rapport au monde et à la société que ne renieraient pas le Bernardo Soares (Pessoa) du Livre de l’intranquillité, le Bartleby d’Herman Melville et le Marcovaldo d’Italo Calvino.






26 janvier 2012

Je me souviens que cette nuit-là,

j’ai rêvé que j’habitais une cabane dans les roseaux. Le souffle du vent parmi leur amicale multitude me jouait une pièce pour orgue de Jehan Alain : Postlude pour l’Office de Complies.
C’est curieux mais c’est ainsi.

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Extrait de mon roman Le Grand variable, éditions Éditinter, 2002. Épuisé.